Les ateliers d'écriture: moment propice à la différenciation

Tout comme Sacha, j'ai moi aussi implanté les ateliers d'écriture dans ma classe. En effet, il s'agit d'un moyen extraordinaire de faire de l'écriture au quotidien tout en laissant une liberté aux élèves hautement appréciée. De plus, cette méthode privilégie une approche essentielle en enseignement: la différenciation. De mon côté, les ateliers d'écriture prenaient place 3 à 4 fois par semaine. De plus, ils étaient toujours à la même période, sauf exception. De ce fait, mes élèves savaient ce qui les attendait en revenant de la récréation et ils avaient hâte d'écrire dans leur cahier d'écriture personnel.

J'offrais toujours la même structure aux élèves: une mini-leçon de 10 minutes, une période d'écriture de 35-40 minutes et une période de retour (excessivement importante) d'une dizaine de minutes.

Mon approche par différenciation s'effectuait dans deux sphères différentes: lors de ma préparation aux ateliers et pendant la période d'écriture de 35-40 minutes. Voici les actions que j'ai faites et qui, je l'espère, pourront aider d'autres enseignants à comprendre le potentiel extraordinaire de l'écriture par ateliers.

1) Phase de préparation

Une des plus grandes sources de stress des enseignants envers l'écriture est la peur de ne pas pouvoir aider tous les élèves afin de les amener à se développer en tant qu'écrivains. Il est certain que cela ne se fait pas sans planifier correctement chacune des périodes d'écriture.

La préparation est simple: il faut préparer des entretiens d'écriture qui seront effectués pendant la période de 35-40 minutes de l'atelier. L'idée est de prendre entre 3 et 4 cahiers d'écriture entre chaque atelier et de les annoter afin d'aider les élèves à s'améliorer, mais aussi pour savoir quoi leur dire lors des rencontres individuelles. Annoter un texte d'élève ne prend pas beaucoup de temps, et il personnalise l'intervention avec l'élève, ce qui augmente sa motivation.

Pour exemplifier mes propos, voici un texte d'élève au tout début des ateliers. Il est à noter que celui-ci était très réticent face à l'écriture.

Observons le manque de propreté du texte ainsi que sa longueur. Ces éléments sont garants d'une attitude négative envers l'écriture. Les premiers objectifs de cet élève seront d'écrire de plus longs textes et d'améliorer sa motivation envers l'écriture. Remarquez que j'ai annoté le texte à l'aide d'étiquettes afin de ne pas écrire directement sur le texte de l'élève: il n'est pas à moi, cela fait partie de la responsabilisation de l'élève par rapport à son cahier d'écriture. Je laisse toujours des commentaires positifs et des conseils pour aider l'élève à s'améliorer, souvent sous forme de questions. Ces annotations ont pris 3 minutes de mon temps.

2) Les entretiens d'écriture

Les entretiens d’écriture sont des moments privilégiés avec l’élève en individuel pour lui faire part des observations effectuées sur ses textes afin de l’aider à s’améliorer, mais aussi pour lui proposer des outils, si nécessaire. C’est à ce moment qu’un échange se produit entre le jeune écrivain et son maitre. Cette rencontre doit se faire sans que l’élève se sente jugé, il faut lui donner le sentiment qu’il est responsable de sa progression et que lui seul peut faire une différence.

Il y a aussi un élément essentiel à ne pas négliger lors des rencontres individuelles : l’écoute. « Il est utile d’écouter d’abord votre élève pour découvrir où il se situe dans son processus d’écriture, ce qu’il ressent au sujet d’un texte, le type d’aide dont il pense avoir besoin. » (Calkins, 2017). L’enseignant doit donc écouter l’élève, car il est le mieux placé pour savoir de quoi il a besoin.

Lors des entretiens individuels, l’élève en question m’a fait part de son manque de confiance en lui par rapport à ses capacités d’écriture, mais aussi par rapport à son manque d’idées. Nous avons ensemble rédigé une liste d’idées de textes (provenant de sa tête) et nous avons écrit des ébauches de texte pour l’aider à organiser ses périodes.

Voici un texte qu’il m’a écrit 4 ateliers plus tard. J’ai retiré les annotations pour que vous puissiez constater la différence avec le premier texte.

Il est facile d’observer l’amélioration de la propreté de l’élève. Il ne s’agissait pas d’un propre, mais plutôt d’une feuille d’écriture que j’ai proposée aux élèves à l’improviste. Certainement, il y a place à l’amélioration par rapport à l’orthographe et à l’organisation des idées, mais l’élève semble plus ouvert à l’écriture dans ce texte.

À la fin de mon projet (environ 6 semaines), il écrivait des textes de deux pages avec des idées beaucoup plus complètes.

J’espère que cet article vous donnera aussi l’envie de tester les ateliers d’écriture dans vos classes. Je termine cet article sur une citation de Calkins, grande didacticienne, concernant l’art d’enseigner l’écriture :

« Si notre enseignement doit devenir un art, nous devons nous inspirer de tout ce que nous connaissons, ressentons et croyons pour créer quelque chose de magnifique. Pour bien enseigner, nous n’avons pas tant besoin de techniques et de stratégies supplémentaires que d’une vision de ce qui est essentiel. Ce n’est pas le nombre d’idées qui transforme notre travail en art, mais plutôt la sélection, l’équilibre et la conception de ces idées.»

Olivier